MONTMARTIN EN GRAIGNES
Ancienne maison éclusière, cette bâtisse est située au milieu des marais, le long du canal Vire-Taute : un charme imparable.
Lieu de balade principalement accessible par bateau (la Rosée du Soleil) mais aussi à pied ou à vélo, grâce au chemin de halage, la Maison des Ormes accueille l’été, des produits locaux et expositions qui vous invitent à découvrir leurs travaux manuels : poterie, peinture ou photo.
Canal Vire-Taute
Il relie, par dérivation, la Vire à la Taute. Il permettait un trafic fluvial entre Saint-Lô et Carentan.
À l’initiative de Napoléon, et sous la conduite de Alfred Mosselman à partir de 1839, le creusement du canal est entrepris. La canalisation de la Vire de la mer à Saint-Lô est commencée par ordonnance royale du 1er juillet 1835 et la société parisienne des sieurs Seguin Frères et Colin obtiennent la concession des canaux de Vire et Taute par arrêté préfectoral.
Il s’agira d’un canal qui empruntera les eaux de la Vire car, à l’étiage, les deux rivières Vire et Taute affichent une différence de niveau de 2,13 mètres.
Initialement, le projet ne comprenait qu’une seule écluse à sas sur son parcours de 11,530 km. Il s’agit de celle de la Tringale à Montmartin-en-Graignes. Le creusement du canal se poursuivra de 1836 à 1839. Il nécessitera le travail de 250 ouvriers, ainsi que 300 détenus militaires espagnols cantonnés à Carentan.
Les fortes crues de 1838 démontrent qu’une seconde écluse est nécessaire à Porribet à Saint-Fromond. Plus tard en 1853, l’écluse des ormes est construite à la jonction du canal avec la Taute. Sa construction s’est avérée nécessaire pour sur-élever au besoin les eaux dans le bief inférieur du canal lorsque les marées qui y remontent sont insuffisantes pour donner le mouillage nécessaire à la navigation
Il comprend trois écluses de 20,40 m sur 4,20 m, réparties sur ses 12 km, qui permettaient d’absorber la dénivellation de 2,13 m entre la Vire et la Taute.
Sur son parcours, furent installés 7 ports.
Il est fermé à la navigation depuis qu’en juin 1944, l’écluse n°2 et son pont, à la Trigale, ont été dynamités par les Allemands pour retarder l’avance des troupes alliées, lesquelles ont franchi l’obstacle en le comblant de terre.
Utilisation du canal
Le canal connut son apogée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle; le tonnage moyen annuel s’élevait alors à 12 530 tonnes.
Son but était commercial et jusqu’au début du XXe siècle, le canal connaît une activité intense.
Les gabarres étaient les embarcations privilégiées sur le canal car seules des embarcations à fond plat pouvaient emprunter le canal (sa profondeur était de 1,30 mètre). Elles étaient chargées de tangue (boue calcaire que l’on exploite le long de la côte pour amender les terres de culture), de matériaux de carrière, de chaux, d’engrais naviguent sur le canal. Des droits de passage étaient demandés à chaque embarcation l’empruntant.
Ces longues embarcations pouvaient atteindre 13 mètres de long et 4 mètres de large. Elles étaient tirées par des chevaux cheminant sur son halage, parfois même par des hommes et femmes. Par vent portant, les gabarres étaient gréées d’une grande voile carrée hissée sur un mât amovible.
Histoire d’éclusiers
En 1826, les tout premiers éclusiers sont nommés à leur poste. Ils sont alors affectés à une écluse par décision d’une commission de l’Administration supérieure, dépendante des Ponts et Chaussées.
Nommé par l’ingénieur du service navigation, l’éclusier doit prêter serment devant le juge de paix de son canton. Parmi ses tâches : entretenir les bords de l’écluse, participer au curage du canal lors des travaux d’enlèvement de la vase ou encore consigner tous les passages sur un carnet destiné à cet effet. Il lui est par ailleurs interdit de percevoir des droits particuliers lors des tâches accomplies durant sa fonction ou d’avoir des intérêts personnels sur la navigation.